Le cadre réglementaire entourant les médias sociaux a été profondément transformé depuis l’entrée en application complète du Digital Services Act (DSA) dans l’Union européenne entre 2024 et 2025. Les marques évoluent désormais dans un environnement marqué par une transparence renforcée, une protection accrue des données et des responsabilités plus strictes pour les services en ligne. Ces changements obligent les entreprises à revoir leurs méthodes de ciblage, leurs pratiques de traitement des données et leurs stratégies de communication afin de garantir leur conformité et préserver la confiance des utilisateurs.
Le Digital Services Act établit un cadre harmonisé pour les services en ligne opérant dans l’UE, en particulier pour les grandes plateformes sociales classées comme « Very Large Online Platforms » (VLOPs). Ces services doivent offrir davantage de transparence concernant les systèmes de recommandation, les processus algorithmiques et l’utilisation des données. Pour les marques, cela se traduit par une meilleure visibilité sur la distribution de leurs contenus, ainsi que par des rapports standardisés fournis par les réseaux sociaux.
Un élément central du DSA repose sur l’obligation de gérer les risques systémiques liés à la désinformation, aux contenus préjudiciables et à la mauvaise utilisation des données. Les marques qui s’appuient sur ces environnements pour leurs campagnes doivent s’adapter à des règles plus strictes en matière de catégorisation d’audience et d’exploitation des signaux comportementaux.
En parallèle, le RGPD continue de régir le traitement des données personnelles, avec des actions d’application de plus en plus strictes. Associées aux réglementations nationales, les entreprises doivent s’assurer que les mécanismes de consentement, les méthodes de suivi et les politiques de conservation des données respectent à la fois les principes de transparence du DSA et ceux de protection des données du RGPD.
Le profilage des audiences ne peut plus s’appuyer sur des jeux de données opaques ou des méthodes de suivi ambiguës. Les réseaux sociaux sont tenus de préciser quelles informations sont utilisées pour la personnalisation, et les utilisateurs ont désormais la possibilité de désactiver les recommandations personnalisées. Cela influence directement la publicité ciblée, car les segments basés sur les comportements deviennent plus restreints et moins précis.
Des limitations strictes concernent également les catégories sensibles, notamment l’orientation politique, les données de santé et les mineurs. Depuis 2024, plusieurs plateformes comme Meta et TikTok ont supprimé la publicité comportementale destinée aux moins de 18 ans dans l’UE. Les marques visant ce public doivent orienter leurs stratégies vers le ciblage contextuel et des messages créatifs adaptés à des segments plus larges.
Les capacités de mesure et d’attribution sont également plus limitées. En raison de la réduction des mécanismes de suivi tiers et des restrictions liées à l’utilisation de données externes, les entreprises doivent davantage s’appuyer sur des rapports agrégés, des analyses côté serveur et des technologies de protection de la vie privée comme le traitement sur appareil.
Pour rester efficaces dans le cadre imposé par le DSA, les entreprises doivent revoir leurs processus de gestion des données et leurs méthodes marketing. Une première étape consiste à réaliser des audits de conformité réguliers pour vérifier la manière dont les informations des utilisateurs sont collectées, utilisées et conservées sur chaque canal publicitaire. Cela inclut la vérification de la conformité des mécanismes de consentement et l’élimination des outils de suivi devenus non conformes.
Les marques devraient également renforcer la transparence de leur communication. L’explication claire du fonctionnement de la personnalisation publicitaire, associée à des avis de confidentialité visibles, contribue à instaurer un climat de confiance et à réduire les risques réglementaires. Lorsque les réseaux sociaux imposent des mentions supplémentaires aux annonceurs, celles-ci doivent être intégrées dans les processus standard.
Le rééquilibrage des stratégies médias devient essentiel. La diminution de la précision du ciblage comportemental renforce l’importance des données propriétaires, du ciblage contextuel et des informations fournies volontairement par les utilisateurs. Les marques doivent développer leurs propres bases de données à travers des programmes de fidélité, des sondages et des propositions de valeur respectant la vie privée.
Investir dans des outils d’analyse respectueux de la vie privée permet aux entreprises de maintenir la performance des campagnes sans recourir à une collecte intrusive de données. Les solutions fournissant des mesures agrégées, des conversions modélisées et une vision globale des performances deviennent la norme en 2025. Le suivi côté serveur et l’attribution compatibles avec le consentement sont désormais courants.
La création publicitaire évolue également. Avec la diminution du microciblage, les campagnes doivent s’appuyer sur des messages plus larges et plus pertinents, capables d’atteindre des segments diversifiés. Cette approche valorise des récits plus solides, des propositions claires et des formats adaptés à chaque réseau social.
La formation interne est indispensable. Les équipes marketing doivent maîtriser les nouvelles obligations réglementaires, tandis que les services juridiques doivent participer aux étapes initiales des campagnes. Cette collaboration garantit une harmonie entre les exigences de transparence du DSA et les principes de protection des données du RGPD.

Le DSA marque une transition vers une responsabilisation accrue et un renforcement des droits des utilisateurs dans l’environnement numérique. Les réseaux sociaux doivent justifier leurs décisions algorithmiques, clarifier leurs politiques de modération et donner accès à des ensembles de données anonymisées aux chercheurs dans l’intérêt public. Ce mouvement contribue progressivement à améliorer la qualité de l’écosystème numérique.
Pour les marques, ce contexte demande une adaptation durable plutôt que des ajustements ponctuels. Les stratégies reposant sur des méthodes opaques ou des mécanismes de suivi intrusifs ne sont plus viables. Les entreprises doivent désormais privilégier une utilisation éthique des données, une communication transparente et une relation authentique avec leur audience.
La confiance devient un facteur central. Les utilisateurs évaluent les entreprises selon la manière dont elles protègent leurs données et gèrent leurs pratiques marketing. Les marques adoptant une approche responsable seront mieux préparées aux futures évolutions réglementaires et aux changements algorithmiques des plateformes.
La veille réglementaire est indispensable, car le DSA et le RGPD continueront d’évoluer à travers de nouvelles directives, recommandations et décisions d’application. Les entreprises doivent maintenir un dialogue constant avec leurs partenaires publicitaires et suivre les nouvelles politiques internes des réseaux sociaux.
Construire des systèmes marketing résilients réduit les perturbations : documentation claire, sources de données vérifiées et approches adaptatives facilitent la transition vers des environnements publicitaires plus strictement réglementés. Cette base solide permet également d’intégrer plus facilement de nouveaux outils conçus dans le respect de la vie privée.
Enfin, renforcer la relation avec les utilisateurs constitue un avantage durable. Une communication cohérente, des pratiques respectueuses de la vie privée et une transparence authentique créent un climat favorable à des stratégies marketing efficaces, même avec moins de signaux comportementaux. La confiance devient un véritable atout dans un paysage réglementaire qui place l’utilisateur au centre.